L' École de Mars (1794) : avec une gravure en couleurs

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avaient fait jusqu'à douze et treize lieues par jour pour arriver au moment prescrit par la loi. La plaine des Sablons, couverte de tentes, présentait un camp fermé de tous côtés avec parc d'artillerie, écuries, hôpital. Les services de distribution étaient organisés. Des ouvriers édifiaient une vaste salle destinée à l’enseignement oral.

L'ouverture solennelle de l’École eut lieu ce jour-là. Les élèves défilèrent devant les représentants. Ils n'avaient pas encore d'uniforme, mais beaucoup d’entre eux portaient l’habit de garde national. La musique jouait, et, selon le mot de Barère, c'était une musique, non pas efféminée et muscadine, mais une musique guerrière qui montait les âmes au ton de l’énergie et de la grandeur républicaines. Les jeunes gens de Marseille et de Brest, ceux de Strasbourg et de Bayonne marchaient ensemble au pas de charge, comme s'ils n'avaient voyagé qu’une journée. « Quand la patrie a parlé, disaient Le Bas et Peyssard, les républicains sont infaligables ; une joiepure, une ardeur vraiment marliale, voilà ce que nous avons vu sur toutes les figures, et nous

ne craignons pas d'assurer que les écoliers du