L'Herzégovine : étude géographique, historique et statistique
126 L'HERZÉGOVINE.
Le transport de Trieste à Mostar se fait par barques jusqu’à Metcovitch, puis à dos de cheval jusqu’à destination. Cent funt ou cent livres coùtent, rendues à Mostar , environ 2 fr. 50 ; le sucre en poudre s’achète 24 florins sur place de Trieste, et se revend ici 39 fl. 50 ; le gain est d'environ 7 fl. 50; le gain sur le café est moindre. Les étoffes se vendent au pic, qui équivaut à 65 centimètres , et les autres marchandises à l’oke, qui égale 1 kilog. 225.
COMMERCE INDIGÈNE ET ÉTRANGER. — Le commerce indigène, dont les moyens sont restreints, ne peut lutter ni contre les grands capitaux ni contre le monopole et le privilège de Trieste. Il achète en seconde main pour revendre aux petits détaillants des villes et des campagnes. Il en résulte une élévation successive dans les prix, que l’on ne parvient à baisser que par l'importation des pires produits. On voit ainsi se vérifier une fois de plus cette triste parole : « Bon pour la Turquie. »
La position spéciale faite à cette province par la clôture des ports de Kleck et de Sutorina privilége le commerce étranger et force les acheteurs ottomans à se pourvoir exclusivement à Trieste, qui est le port le plus voisin et que sa franchise met au-dessus de la concurrence. C’est donc au monopole autrichien que l’Herzégovine doit s'adresser forcément. Si la révision des traités existant entre l'Autriche et la Turquie venait à faire déclarer que Kleck, port ottoman situé sur l’'Adriatique et enclavé dans la Dalmatie, n'est plus « mare clausum, » les conditions économiques changeraient aussitôt, et la concurrence ferait tomber le monopole de Trieste.