L'Herzégovine : étude géographique, historique et statistique

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sur les vilayets ; mais cet inconvénient se trouve com pensé par plus de respect pour le témoignage en justice. Bien des. progrès sont encore à faire sous beaucoup de rapports; cette institution est entrée depuis si peu d'années dans les usages, qu'il faut savoir altendre du temps la consécration des grands principes contenus dans la loi organique. Le musulman de cette province, arriéré et fanalique, se fait difficilement à l'idée que les droits sont égaux entre lui et les chrétiens, ses esclaves d'hier. Le cadi, armé d’un code musulman, trouve mal le moyen de faire concorder le Coran avec les nouvelles lois impériales ; les fonctionnaires eux-mêmes se sentent plus portés pour leurs coreligionnaires que pour les chrétiens, dont ils se défient, et derrière lesquels ils voient l'intervention ou l'agitation extérieure.

Le cadi et le caimacan s'appuient de préférence sur l'agha ou le bey, riche propriétaire de la terre qui met à leur service son influence locale; il ne faut accuser que les circonstances si les chrétiens colons et pauvres se trouvent encore relégués au second rang.

L'intérêt bien entendu des autorités turques leur fait un devoir sacré d’être impartiales et justes pour tous : ce n’est qu’à ce prix que les chrétiens pourront oublier les longs siècles pendant lesquels une noblesse fanatique les a fait gémir sous un joug meurtrier : aujourd’hui les choses sont bien changées : le chrétien est sorti, par la volonté du sultan, de cette infériorité ; il acquiert, il achète ; en augmentant son importance personnelle , il offrira au gouvernement un point d'appui qui ne devra pas être néoligé sous peine de conséquences irréparables.