L'impôt des gabelles en France aux XVIIe et XVIIIe siècle : thèse pour le doctorat
— 115 —
Les faux-sauniers étaient bien vus de la population car ils lui fournissaient un sel à meilleur marché que celui de la ferme. Aussi étaient-ils protégés êt souvent même défendus contre les agents de la ferme que la population avait en horreur. Saint-Simon dans ses Mémoires dit qu’en 1706 on prit quantité de faux-sauniers en divers endroits du royaume qui marchaient armés par troupes el {rouvaient partout protection pour celte contrebande (1).
Le tocsin devait être sonné contre les faux-sauniers et l’on devait avertir les officiers du grenier à sel de leur passage. Mais les habitants se montraient parfois plutôt disposés à résister aux commis des fermes qu’à leur prêter main-forte (2).
Le faux-saunage occasionnait année moyenne près de 11.000 arrestations dont 2.300 hommes, 1.800 femmes et 6.600 enfants (3) De ces arrestations beaucou p n'étaient pas maintenues, particulièrement celles des femmes et des enfants. Quant aux hommes il y en avait communément de 1.700 à 1800 dans les prisons et plus de 300 envoyés aux galères (4).
La zone de défense que le législateur avait établie autour des grandes gabelles était gardée par les brigades. Les fermiers généraux dans leurs tournées réglaient la répar-
1: Mémoires de St-Simon, édition Régnier, t. XII, p: 440.
2. Albert Rabeau, Le village sous l'ancien régime, p. 242.
3. Necker, Administration des finances, tome II, p- 7. 4. 500 suivant le mémoire de Calonne à l'Assemblée des notables,