L'impôt des gabelles en France aux XVIIe et XVIIIe siècle : thèse pour le doctorat
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de tout âge et de tout sexe, et si 14 personnes consomment par an un minot de sel, il faudra donc pour le pot et la salière seulement, à ses 550 personnes, 40 minots de sel (exactement plus de 39 minots).
Or, comme il y a 30.000 lieues carrées dans le royaume, il lui faudra donc tous les ans 1.200.000 minots, auxquels il ajoute 100.000 minots tant pour la salaison des benrres et viandes que pour les bestiaux, ce qui fera au moins 1.300.000 minots. En supposant que le roi tire de chaque minot 18 livres quittes de tous frais, ces 1.300.000 minots feront tous les ans un fonds net de 23.400.000 livres au moins.
En temps de guerre, pour se procurer des ressources extraordinaires, le roi pourra augmenter le prix du minot de 20, 30, 40 sous ou de 4 livres, mais sans jamais dépasser 30 livres, « car il ne faut pas exagérer indéfiniment le prix d’une denrée par des impositions successives, sous peine de s’exposer à des mécomptes, par suite d’une contraction de plus en plus forte de la consommation. » Vauban très judicieusement indique que dans ce cas par exemple les paysans commenceront par ne plus donner de sel aux bestiaux.
Pour ne pas ruiner certaines industries, Vauban propose de continuer à donner le sel au prix accoutumé, pour les salaisons aux gens de Dieppe ct autres villes marilimes qui faisaient le commerce de salaisons de poissons, tout en prenant des précautions pour empêcher qu'ils en mésusent,