L'Unité yougoslave : manifeste de la jeunesse serbe, croate et slovène réunie
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mées dans le roc... À Pola, en Istrie, bien loin vers le nord-ouest, on regarde les ruines d'un amphithéàire romain comme le tombeau de Marko.
Cette transmission des traditions à toute la race s'chserve davantage encore pour le cycle de Kossovo. Au cours des migrations dont nous avons parlé, un champ près de Zadar en Dalmatie fut appelé Kossovo, par les émigrants qui avaient apporté le nom avec eux. On fransféra en même temps les noms des églises et divers détails, qu’on n'avait pas oubliés. Peu à peu, on en vint à s'imaginer que la bataille avait eu lieu sur ce champ de Dalmatie..
Le peuple, par sa tradition, transportait l’histoire serbe en pleine Croatie. L’épopée de Kossovo passait ainsi chez les Croates et les Slovènes, à titre Je trésor commun. Or ceci est important, et prouve que l'idée d'unité et de partage des traditions était b'en vivante, car Kossovo n'est point une épopée de la race yougoslave, mais le pur poème du nationalisme serbe. Müïloch Obilitch, le héros principal, qui tua le sultan Mourad, ne représentait d'abord que l'intrépidité guerrière du Serbe, et le dévouement suprême à l’idée nationale. Aujourdhui, c'est le héros idéal et l'exemple de tous les Yougoslaves. Ainsi la tradition nationale des Serbes, Croates et Slovènes se concentrait autour des mêmes idées, des mêmes héros, des mêmes événements. Et bien que ces épopées remontent aux temps de division, de désastre et d’agonie, on y retrouve les traits et l’apologie du pur nationalisme yougoslave le plus proche de nous.
Ces caractères de la poésie nationale, nous les retrouvons dans toutes les autres branches de l’art yougoslave. L’ornementation, la broderie, le jeu des lignes et des couleurs, et la musique, concourent à l'expression des mêmes sentiments, qui se reflètent aussi bien dans leurs contes, proverbes, coutumes.