La correspondance de Marat
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de la nation, dans les cours de justice, dans les municipalités, et tant que nous n’aurons pas un vrai tribunal d'État. Nous avons vu le Châtelet absoudre les sieurs de La Salle, Augeard, Bezenval... » Le lendemain, Marat donnait en note l'erratum suivant : « Au numéro 141, page 5, ligne 30, rayez de La Salle, qui est effacé dans le manuscrit. » En même temps, Marat adressait à M. de La Salle une lettre qu’il rendait publique en la publiant dans le n° 145 de L'Ami du Peuple (26 juin 1790).
Lettre de l'Ami du Peuple à M. de La Salle.
Je suis au désespoir, Monsieur, de ee que votre nom se trouve dans ma feuille à côté de ceux d'Augeard et de Bezenval. Le cœur déchiré des vains efforts du peuple contre les complots toujours renaissants de ses perfides ennemis, excédé de travail et pressé par le temps, je n'ai presque jamais le loisir de relire le manuscrit de ma feuille, et rarement celui d’en corriger les épreuves, seul moyen cependant de.rectifier ce qui pourrait m'avoir échappé par inattention. Vous ayant vu, Monsieur, à la tête des Parisiens, dans les premiers jours de la révolution, pourrais-je vous placer à côté de l’homme que vous aviez fésolu de combattre? Pourriez-vous croire que j'aie le dessein de vous inculper aujourd’hui, ne l'ayant pas fait lorsque je rendis compte, dans le temps‘, de votre malheureuse affaire? Je vous crus innocent alors, et j’ai moins raison de changer d'opinion à votre égard que jamais, puisque vous avez été sacrifié par des intrigants qui se sont emparés de toutes les places lorsque tous les dangers ont été passés.
Je ne sais par quelle fatalité votre nom (que j'avais confondu avec celui de M. de Sade, qui a été impliqué dans tant d’affaires fâcheuses, qu'on disait traduit au Châtelet,
1. Voyez le n° II de L'Ami du Peuple." (Note de Marat)