La correspondance de Marat

182 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

LXV

LETTRE A LAFAYETTE ‘

(Septembre 1790) Adresse au général Motier.

Prétendre passer pour bon citoyen, vrai patriote, parce que quinze mille automates trouveront mauvais qu’on en doute, est une absurdité qui n’entrera jamais dans votre esprit; mais elle vous fournit un moyen d’afficher lé servile dévouement de l’armée que vous commandez, et elle vous donne l'espoir d'imposer silence aux citoyens peu courageux qui tenteraient de vous faire connaître. Que de jeunes étourdis, trop incapables de réflesion, se prêtent à vos sinistres projets, très dangereux sans doute, est une soitise, et pourtant excusable dans des évaporés qui n y entendent pas malice; mais que vous, homme mûr et instruit, vous, patriote prétendu, auquel vos concitoyens, séduits par l’apparence des vertus que vous jouez, se sont abandonnés de si bonne foi, vous souleviez la nature entière pour faire de la milice parisienne une armée de prétoriens, est une exécration dont peu de chefs de parti seraient capables, et qui était réservée au héros de l'Amérique, au grand général, à l’immortel restaurateur de la liberté.

Perfide! quittez vos lâches machinations, si vous n’êtes as entièrement mort à l'honneur, ou plutôt cessez de vous abuser, vos artifices ne vous mèneront point au but. Vous

4. L'Ami du Peuple, n° 222 (mercredi, 15 septembre 1190). On peut faire, sur cette lettre, les mêmes, remarques que précédemment sur la lettre à Necker (n° LXII).

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