La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 181

jaloux de votre honneur que vous-mêmes, n’a pu se persuader que celte adresse eût été dictée par des citoyens libres. Vous me dites que vous êles réduits à bien des ménagemenis pour parvenir jusqu'à la barre et ne pas révolier les noirs. Maïs puisque vous saviez si bien que les noirs et les ministériels dominent dans l’Assemblée, que pouviez-vous espérer de ces vils coquins? Au lieu de perdre votre temps à présenter une ridicule adresse, il fallait que le régiment entier des gardes suisses en présentàt une pour demander vengeance de l’affreux massacre de Château-Vieux, pour demander l'expulsion de leurs chefs, et la nomination des officiers par les soldats; il fallait qu'il invitàt tous les autres régiments suisses et français à faire la même pétition. Il fallait que vous-mêmes, et tous les Suisses résidant à Paris, accourussiez aux Tuileries, pour unir vos voix à celles des 40 mille citoyens qui demandaient vengeance de l’infernal Bouillé et du monstre La Tour-du-Pin, le renvoi de tous les ministres, l'expulsion de tous les états-majors, et la nomination des officiers par les soldats. Voilà,monsieur, ce que vous deviez faire, et ce que doivent faire encore vos compatriotes, s'ils veulent que je reconnaisse à leur conduite de braves helvétiens.

Paris, ce 9 septembre 1790.

Marat, l'ami du peuple.

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