La correspondance de Marat
INTRODUCTION xIX
Par les mêmes procédés de critique, mais appliqués en sens inverse, il devient possible de justifier presque rigoureusement le choix des lettres qui, puisées dans les journaux de Marat, méritent cependant de figurer dans sa correspondance personnelle. Pour un certain nombre d’entre elles, Marat prend soin d'indiquer leur date exacte, qui ne concorde pas avec celle du numéro qui les contient‘. Il n'y a point de meilleure preuve que la lettre a son existence propre, qu'elle est réellement indépendante du journal où elle se trouve insérée. Quelquefois, Marat lui-même nous donne une indication décisive ?. Quelquefois encore, la certitude pour un cas isolé s'étend, par référence, à tous les cas analogues *.
1. C’est le cas, par exemple, des lettres que l'on trouve dans le Le Publiciste parisien du 13 septembre 1789 (lettre du 27 juillet à l'Assemblée nationale), dans L'Ami du Peuple du 28 septembre 1789 (lettre du 25 septembre aux membres de la Commune de Paris), du 12 janvier 1790 (lettre du 10 janvier à La Fayette), du 19 mai 1790 (lettre du 13 mai à plusieurs membres de l'Assemblée nationale), du 26 juin 1190 (lettre du 24 juin à M. de la Salle), du 8 septembre 4190 (lettre du 7 septembre aux démolisseurs de la Bastille). 2. C'est le cas de la lettre au citoyen Heïintzler (L'Ami du Peuple du 18 novembre 1790), que Marat rapporte de mémoire, parce qu’il a oublié d'en prendre copie.
3. On pourrait croire que les lettres de Marat à Camille Desmoulins, dans L'Ami du Peuple, ne sont que des formes de polémique. Leur allure, leur longueur, et les digressions qu'elles contiennent, sembleraient le démontrer. Il n’en est rien. L'une d'elles; et précisément celle qui a le moins, parmi toutes, le caractère d’une lettre privée, puisqu'elle renferme tout un article, a été retrouvée par Matton dans les papiers de Camille Desmoulins, et publiée par lui dans sa Correspondance inédite de Camille Desmoulins. Ce seul: