La correspondance de Marat
LA CORRESPONDANCE DE MARAT 225
jugerez convenable, et qui vous fera les conditions les plus avantageuses; mais, dans tous les cas, il importe que la Société des Amis des Droits de l'Homme concourre au succès de l’entreprise. Les libellistes aux gages de la cour, si longtemps acharnée à détruire le bien que faisait ma plume, ont publié en mon nom des doctrines si funestes, ils m'ont calomnié de tant de manières, ils ont si souvent répandu le bruit que je n’existais plus, que j'étais un être chimérique, qu'il était impossible au petit nombre d’exemplaires de ma feuille, qui ont percé dans les départements, de dissiper ces impostures. Il est done indispensable que cette Société se charge de faire passer le prospectus à toutes les Sociétés patriotiques du royaume, en les engageant à favoriser de tout leur pouvoir la publicité d'un ouvrage destiné à éclairer le peuple, à former lesprit public, et à ranimer les feux du patriotisme.
Persuadé que le club des Cordeliers se fera un devoir de concourir avec zèle à la propagation des principes de l’Ami du peuple, puisqu'il en a pris l'engagement, ainsi que yous le verrez par l'arrêté ci-joint, j aime encore à croire qu'il se fera un plaisir de contribuer au succès d’un ouvrage destiné à devenir l’école des citoyens. Je ne vous parle pas de l'avantage que je me propose de faire à la Société pour le soulagement des infortunés, ne voulant faire valoir ici aucun motif étranger à son zèle pour le bien public.
Peut-être que quelques-uns de ses membres, dont je n’ai pas lieu de me louer, saisiront cette occasion pour me donner des marques de leur malveillance j'aime à penser que la pudeur leur fermera la bouche.
Parlons de ce qui vous concerne personnellement. Je: n’ignore pas que vous avez des ménagements à garder avec vos parents, trop peu patriotes pour vous voir de bon œil devenir publiquement l’éditeur de mon livre : si vous craignez de les indisposer, bornez vos bons offices à surveiller l'impression de l'ouvrage, et adressez-vous à quelque zélécitoyen pour porter mon vœu à la Société.