La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 235

patrie. En adhérant aux menées des créatures du cabinet qui veulent faire passer Simoneau pour un martyr du respect dû aux lois, vous autorisez les machinations ministérielles, vous encouragez les agents de famine, vous protégez les oppresseurs du peuple, et vous aidez à répandre le sang innocent. En abandonnant Danton aux outrages des satellites soudoyés*, vous privez la patrie d'un magistrat intègre, d'un défenseur intrépide; vous laissez avilir la magistrature populaire, vous assurez l'impunité aux scélérats en uniforme, et vous contribuez à l'établissement du gouvernement militaire, le plus redoutable des gouvernements. :

Petion ! Petion! avec quel plaisir je vous aurais vu parcourir, d’un pas ferme, votre noble carrière, méprisant à la fois et les séductions de la cour, et les menaces des ennemis publics, et les périls dont les émissaires du cabinet environnent tout magistrat populaire qui se montre incorruptible. Jaloux de votre propre gloire, que- n'avez-vous, par vos vertus civiques, réduit au silence vos adversaires, confondu la calomnie, forcé les bons citoyens à l'admiration; vous pouviez mériter les honneurs du triomphe, l'Ami du peuple eût été le premier à ceindre sur votre front la couronne de gloire; que n’a-t-il pu jeter un voile officiéux sur des fautes et des faiblesses redoutables, que l'amour de la patrie l'appelle à dévoiler au grand jour ?

1. Comment Danton pourrait-il, avec bienséance, reprendre ses fonctions, et siéger encore au milieu de ses lâches collègues, qui ont laissé avilir son ministère, et qui l'ont abandonné aux outrages de scélérais soudoyés ? (Note de Marat)