La correspondance de Marat
LA CORRESPONDANCE DE MARAT 245
sité de se déclarer eux-mêmes suppôts du royalisme. C'est le but que je m'étais proposé jeudi dernier, en demandant de décréter que Louis-Philippe d'Orléans serait traduit devant le tribunal révolutionnaire, et que la tête des Capets, émigrés et rebelles, serait mise à prix. Cette pierre de touche a produit son effet. À la vivacité avec laquelle les patriotes de la Montagne se sont prononcés à l'instant même, en demandant qu'on mit aux voix ces propositions, et à la violence avec laquelle les hommes d'État s’y sont opposés, on a vu clairement de quel côté sont les Capets fugitifs, les partisans de Louis-Philippe d'Orléans, les amis de la royauté.
Désespérés de s'être vus réduits de la sorte à se démasquer eux-mêmes, les meneurs et les suppôts de la factionroyaliste se sont flattés de faire tomber mes propositions, et d'en imposer à la nation entière, en me poursuivant comme un écrivain incendiaire : en conséquence, ils se sont accrochés à une adresse énergique de la Société des Jacobins, présentée à ma signature comme président, et ils ont demandé un décret d'accusation contre moi, pour avoir signé cet écrit patriotique, qui invite le peuple à prendre enfin les armes pour repousser les armées ennemies et les légions révoltées qui s’avancent contre nous pour nous remettre aux fers.
- Au lieu de me justifier, j’ai continué à dévoiler le charlatanisme des meneurs de la faction, et à les rappeler à la mème épreuve. ,
Danton, qui m’a suivi à la tribune, a parfaitement développé et motivé la nécessité de ces mesures indispensables. Je les avais jetés dans l'abime : il les y a tenus cloués, le pied sur la gorge. Mais ses propositions contre d'Orléans et les Capets conspirateurs ont été écartées comme les miennes par les hommes d’État, qui ont refusé de les adopter, aimant mieux s’avouer aux yeux de la nation vils suppôts des Bourbons, que de s'exposer à Ja vengeance des parents du maitre qu'ils voudraient nous donner. Ils se