La correspondance de Marat

244 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

constatent les trahisons des meneurs et des suppôts de la faction des hommes d’État. Il est notoire que ce Dumouriez, qui vient de lever l’étendard de la révolte contre la patrie, pour lui donner un maître, et anéantir la liberté, a pour complices, au sein même de la Convention, ces scélérats qu’il appelle la saine majorité de l'Assemblée nationale. Dans sa lettre menaçante, adressée ‘au président, par l'organe du ministre de la guerre, letire dont on a donné lecture à la tribune, et dont on aurait dû décréter l'insertion au bulletin; afin que toute la France pût connaître ses infidèles représentants, le traître Dumouriez annonce qu'il va marcher sur Paris, pour appuyer par la force des armes cette faction scélérate, et pour réduire les patriotes de la Montagne, qu’il appelle des anarchistes, et les forcer par la terreur à n’oser soutenir la cause du peuple.

Atterrés de voir l’infâme Dumouriez les déclarer ses protégés et ses complices, à la face de l’univers, ils n’ont plus songé qu’à détourner l'attention publique de dessus leurs propres conspirations, malheureusement trop réelles, pour la fixer sur une conjuration imaginaire des patriotes de la Montagne qui aurait pour but de mettre LouisPhilippe d'Orléans‘ sur le trône.

Convaineu que cette fable, dont ils font si grand bruit, n’a été inventée que pour donner le change au publie sur le dessein criminel de Dumouriez, des meneurs de la Convention et des puissances ennemies, qui est de mettre la couronne sur la tête du fils de Louis Capet, et de constituer régent le ci-devant Monsieur; indigné de la perfidie de ces lâches hypocrites, j’ai cru devoir les forcer dans leur dernier retranchement, et les réduire à la cruelle néces-

1: Si cet homme indigne a un parti dans la Convention, il a été démontré qu'il ne pouvait être que parmi les royalistes, qualifiés d'hommes d État : on connaît ses liaisons avec Petion, Lasource, Sillery, et le reste des meneurs de la clique. Tout le tort des palriotes est d'avoir souffert que ce jadis prince du sang siègeñt à la Montagne. (Note de Marat)