La correspondance de Marat

INTRODUCTION

S'il était permis aujourd'hui de la reconstituer dans son ensemble, la correspondance de Marat serait le document le plus vivant et le plus complet qui püt éclairer le mystère de cette tête prodigiéuse. Dans les débris dispersés qui nous en restent, rien n'est banal ni indifférent. Le tumulte d’une vie fièvreuse y roule avec fracas; une longue période de dix-huit années, de 1775 à 1793, s’y reflète tout entière, sous des apparences toujours changeantes et passionnées.

Mais ce n’est là qu’une infime partie de la correspondance réelle de Marat. Ses lettres semblent avoir été l’objet d’une destruction systématique‘, ou

A. C'est l'opinion de M. Étienne Charavay, qui, dans un article consacré à la rareté des autographes des révolutionnaires, écrit ces lignes : « Marat écrivait volontiers, et si toutes ses lettres avaient été conservées, elles ne. seraient pas rares; mais la haine qu'on porta à ce publiciste fit détruire un grand nombre de ses autographes. » (Amateur d'autographes, janvier-février 1890, p. 15). De son côté, Barbaroux avoue lui-même dans ses Mémoires (p.62) avoir brûlé la plupart des lettres que lui écrivit Marat : « Combien je regrette d'avoir brûlé les lettres de Marat... Il en peut rester une ou deux dans mes papiers. »