La crise balkanique (1912-1913)

256 LA CRISE BALKANIQUE

suasion, menace et a tenté tout ce qui pouvait être tenté pour conjurer une intervention roumaine. Cette

conviction puisera une force nouvelle lorsque nous

_allons, tout de suite, suivre les négociations engagées

entre la Roumanie et la Bulgarie quant à l'application du protocole de Pétrograd. Intransigeance, morgue, mauvaise foi, furent les éléments de discussion bulgare ; or il est inconcevable qu'un pays, aussi grisé qu'il soit de sa force, aussi inconscient qu'on peut l'imaginer-sur la portée de ses actes, puisse, alors qu'il se trouve à quelques heures d'intervalle de la déclaration d'une guerre, pour laquelle il lui faudra la disponibilité de toutes ses forces, délibérement, froidement pour la contestation de quelques centaines de mètres (délimitation du territoire de Silistrie), s'attirer l’inimitié résolue d’un pays qui dispose d'une armée de 600.000 hommes. L’Autriche, à n'en pas douter a dû, jusqu'à la dernière minute, garantir à la Bulgarie l’inaction roumaine, inaction qu'elle fondait sur l'efficacité des menaces qu’en dernier lieu elle venait d'adresser à Bucarest. On peut se demander pourquoi, dans ce cas, l'Autriche n’est pas intervenue militairement le 3 juillet? Certainement parce que son alliée l'Allemagne n'était pas encore décidée à la grande guerre, que l'intervention autrichienne aurait

immédiatement déclenchée.