La crise balkanique (1912-1913)

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LA PÉNINSULE BALKANIQUE D'APRÈS LE TRAITÉ DE BERLIN 23

laquelle il faut tirer, par tous les moyens, le maximum de bénéfices, le but à atteindre est le bien-être et la jouissance du Turc ; tant pis pour les droits, la propriété, la vie même de celui qui est obligé de les lui fournir. « Le principe fondamental de cette société, fondée sur la conquête, est que seul le conquérant, le Turc de race, a droit aux biens de ce monde, à la vie matérielle, au pain quotidien » (r).

Cet état a été constaté déjà au xvri° et xvrne siècles par des voyageurs français Belon, Tournefort, Paul Lucas, qui dénommèrent cétte politique d’un terme d'une justesse parfaite, la « Mangerie ». C’est sous le régime de la « mangerie » que la Macédoine vécut durant quatre siècles et demi. La justice, l’armée, l’impôt, les travaux publics sont pour les fonctionnaires de tous grades de la Porte, des sources de « mangerie » ; ils s'en donnèrent à cœur joie avec un appétit d'ogre. Durant des siècles cette exploitation fut supportée stoïquement par les populations de l'Empire : unis dans leurs souffrances communes les peuples balkaniques confondaient leur avenir dans un même idéal de liberté ; l'Union Balkanique à celte époque exisla, réelle, sans fard.

L'éclosion des idées libérales, les révolutions qu'un

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1. Victor Bérard, Pro Macedonia, p: 2: