La crise balkanique (1912-1913)

28 LA CRISE BALKANIQUE

Revenons à Abdul-Hamid qui depuis 1876 gouverne l’Empire. Son nom a plus d’un titre pour atti-

rer notre attention. Homme d’une intelligence incon-

_testée, il fut l'inspirateur et l’exécuteur d'une politique

nouvelle ; à côté de la « mangerie » système désuet,

fonctionna une politique du Palais dont voici les

fondements : l'Empire ture en tant qu'unité étalique

s'écroulait : en effet, d'un côté les provinces d'Europe

d'un mouvement irrésistible allaient se rattacher aux

différents peuples auxquels par droit de nationalité.

elles appartenaient ; de l’autre, les provinces nordafricaines, contrées riches mais inexploitées, devenaient pour les Puissances européennes des centres d'activité et de colonisation: l'Algérie, l'Egypte, étaient déjà perdues, la Tunisie devait l'être bientôt, le Maroc, la Tripolitaine ne devaient tarder à

subir le même sort ; en résumé l'Empire avec ses

25.000.000 d'habitants n'était plus que l'ombre de lui-

même. Aucun retour offensif n'était plus possible; Abdul-Hamid s'en rendait compte, la Turquie fatiguée, inculte, pauvre, n'était plus qu'un fantôme ; son existence mème ne se prolongeait que par la volonté des Puissances incapables de se mettre d'accord sur

un projet de partage (r). Alors germa dans le cerveau

1. Noir Cent projets de partage de l'Empire Turc, par T. Djuvara. :

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