La France sous le Consulat

146 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

Lorsqu'ils venaient à mourir le pape nommait à leur place un vicaire apostolique. Quinze évêques insermentés résidaient en France. Quant aux prêtres insermentés, ils étaient rentrés en grand nombre sous le Directoire. Il faut mentionner aussi, la secte des Théophilanthropes fondée sous le Directoire. Les persécutions qui, après le 18 fructidor, avaient atteint indifféremment tous les prêtres, constitulionnels ou réfractaires, venaient de prendre fin avec le gouvernement de Bonaparte. Il avait repris la politique d’apaisement et de tolérance pratiquée par le Directoire avant le 18 fructidor. On à vu ailleurs comment il avait fait cesser les persécutions religieuses; comment il avait permis aux prêtres orthodoxes le libre exercice de leur culte, moyennant une simple promesse d’obéissance aux lois de l'Etat ; comment il avait témoigné sa déférence envers la religion catholique. En somme, à la fin de 1799, l'Etat ne reconnaissait officiellement et ne subventionnait aucun culte : il accordait la liberté à tous du moment où on se soumettait à ses lois. Mais ce régime de la séparation de l'Eglise et de l'Etat n’était pas sans soulever de graves questions dans la période de crise que traversait alors la conscience religieuse de la France. En effet, une lutte acharnée, tantôt ouverte, tantôt sourde, toujours violente, se livrait entre les partisans de l’ancienne et de la nouvelle Eglise, dans la chaire, au confessionnal, au chevet des malades. L'Eglise orthodoxe purifiée et retrempée par la pauvreté, par l'exil, par le martyre, ne pouvait souffrir de partage avec sa rivale et réclamait impérieusement sa place et ses droits usurpés. Un mouvement populaire, constaté par des témoignages irréfutables, se déclarait en sa faveur et réclamait pour elle des réparations et des privilèges. La question doctrinale se compliquait d’une question politique. Même respectueux, en apparence, de seë lois et ayant promis de ne point troubler l’ordre matériel, le prêtre orthodoxe ne