La France sous le Consulat

148 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

pouvait pas, dans l'exercice de son ministère, ne pas attaquer, directement ou indirectement, la société et l'Etat laïque issus de la Révolution; il ne pouvait pas, par exemple, ne pas inquiéter les acquéreurs de biens nationaux comme les détenteurs d’un bien spolié. Si le prêtre soumis était un ennemi, à plus forte raison, le prêtre émigré, ou le prêtre réfractaire qui avait refusé la déclaration d’obéissance aux lois comme une indigne compromission. Ceuxci, après avoir été les promoteurs de la guerre civile, restaient les défenseurs de la royauté et de l’ancien régime, les alliés et les émissaires des pires adversaires de la nouvelle France, les Bourbons et les puissances étrangères. Les intérêts temporels comme les intérêls spirituels sollicitaient donc une intervention de l'Etat pour apaiser Îles discordes religieuses, donner satisfaction à certaines réclamations d’un grand nombre de catholiques, couper les communications de l'Eglise orthodoxe avec les ennemis de la Révolution.

Parmi les différents moyens d'arriver à une solution de ces difficultés, Bonaparte répugnait à ceux qui auraient abouti à régulariser l'état existant et à faire vivre côte à côte, en paix et en liberté, les deux Eglises ennemies, et celles-ci avec les autres religions. Son instinct et ses caleuls le portaient vers le catholicisme romain. Par sa lointaine hérédité, par son tour d'imagination, par les intérêts de son ambition, il était l’allié naturel de l'Eglise et du Pape. Dans l'organisation catholique romaine il trouvait l'instrument le mieux adapté à sa conception du pouvoir, à ses besoins du moment et à ses projets d'avenir.

S'entendre avec le Pape pour restaurer en France l'Eglise romaine, puis se servir du Pape reconnaissant et de l'Eglise restaurée pour maîtriser les consciences de trente-deux millions de fidèles et les associer à ses desseins, tel était le plan qui ‘s'était dessiné dans son esprit, dès 1797 et les