"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)
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CHAPITRE XI.
sans rapports avec celle de Pouchkine 1 . A Moscou, Mickiewicz était entré en relations avec plusieurs écrivains russes en renom : les deux frères Polevoï (qui rédigeaient ensemble une revue intitulée le Télégraphe, dont le rôle peut être comparé à celui du Globe de Pierre Leroux), les poètes Boratynsky. Vénévitinoff, Pouchkine, Pogodine, le prince Viazemsky, qui tous admiraient son talent prodigieux. Dans ce milieu romantique, Mickiewicz constatait avec douleur le retard de la littérature polonaise sur celle dont Pétersbourg et Moscou étaient les principaux foyers. Les classiques de Wilna et de Varsovie, attachés à l’imitation de Delille et de Voltaire, n’avaient pas encore déposé les armes, tandis qu’en Russie la victoire de la jeune école était presque complète sur toute la ligne 2 . Mickiewicz lia plusieurs amitiés intimes dans ce pays des « Moscals » qu’il maudira si noblement, quelques années plus tard, après la sanglante, répression de. la Révolution polonaise. Il y avait notamment entre Pouchkine etlui une communauté singulière dépensées et d’aspirations : tous deux ils avaient le même amour de la liberté, le même culte pour Byron, et ils étaient tous deux considérés dans leurs pays respectifs comme les chefs de l'école romantique. « Pouchkine est à peu près de mon âge, écrivait Mickiewicz à son ami Odyniec (mars -1826), il a lu beaucoup et bien, il connaît les littératures modernes, il a des idées élevées sur la poésie. » Mickiewicz dès leur première rencontre et montra pour lui la plus grande déférence. Habitué à dominer dans le
1 Nous ne voulons cependant pas laisser entendre que le poète polonais ait utilisé la version russe en composant la sienne. Du reste, elle n’existait pas encore à cette époque (1828). 5 Louis Léger, op. ait., p. 231.