"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)
« LA GUZLA » DANS LES PAYS SLAVES.
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a Mickiewicz ignora toujours la réponse de Mérimée à Pouchkine » et qu'il ne sut jamais qui était le véritable auteur du Morlaque^. S’il est vrai que dans une édition de ses œuvres publiée à Varsovie en -1888 (trois ans après la mort de l’auteur), le Morlaque à Venise figure encore comme une pièce « traduite du serbe », il est également vrai que, dès 1841, le poète polonais avait parlé de la Gusla comme d’un ouvrage apocryphe. C’est de cette appréciation que nous voulons dire quelques mots. Par un arrêté ministériel du 8 septembre 1840, Mickiewicz fut nommé chargé de cours au Collège de France. Qu’on nous pardonne un léger détour ; cela nous permettra de mieux comprendre à quel étrange professeur avaient affaire les auditeurs du Collège de France, combien il s’entendait aux matières dont il traitait et combien peu il s’en souciait. Il habitait depuis dix ans Paris, mais occupait au moment de cette nomination la chaire de littérature latine à l’Académie de Lausanne. Ses amis français, notamment Paul Foucher (beau-frère de Victor Hugo), avaient organisé une véritable campagne en sa faveur auprès de Victor Cousin, alors ministre de l’instruction publique. A la suite de ces démarches, une chaire des langues et des littératures slaves fut créée à Paris, la première de ce genre en Europe. Dans l’exposé des motifs du projet de loi pour cette création, présenté à la Chambre des députés, le ministre disait : Les poésies primitives marquées de la grandeur et de la naïveté des mœurs héroïques, des épopées, des odes, des pièces de théâtre...
1 Russes et Slaves, t. 111, p. 239. Nouvelle Revue du 16 juin 1908, p. 454.