"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)
« LA GUZLA » DANS LES PAYS SLAVES.
521
dans l'ouvrage français certains caractères étrangers à la poésie slave, entre autres des histoires très longues de revenants et de vampires, quinesontpas du domaine de la poésie, mais plutôt des contes populaires. Celte remarque excita nos soupçons. Le célèbre poète russe Pouchkine fit alors écrire à l’auteur français pour lui demander des renseignements sur sa découverte. » Le reste du récit est une paraphrase de la lettre de Mérimée à Sobolevsky, ce qui prouve que Mickiewicz était fort au courant de loute cette histoire. « L’auteur français avoua naïvement la fraude, continuait-il. 11 dit qu’il avait l’intention d’enireprendre un voyage dans les pays slaves; mais que d’abord il avait voulu essayer, par un récit fantastique, de se procurer les fonds nécessaires, sauf plus tard, après avoir vu le pays, à rectifier les erreurs dans lesquelles il n’aurait pu manquer de tomber. Un autre motif l’avait aussi guidé dans sa publication : il avait voulu se moquer de l’engouement momentané que l’on montrait alors pour la couleur locale. En effet, lors de cette publication frauduleuse, la guerre entre les romantiques et les classiques était dans toute sa force. Le monde à la mode s’occupait de la poésie populaire; les publications deM. Fauriel excitaient un enthousiasme général. Une tourbe d’imitateurs se jeta dans ce genre et en abusa tellement que, plus tard, on n’a pas voulu même croire àl’exislence de la poésie slave. Peut-être est-ce la cause du mauvais succès des traductions véritables qu’on a publiées plus tard, entre autres de celle de M me Voïart, qui est très fidèle, quoiqu’elle fût faite d’après la traduction allemande de Thérèse Jakob 1 . »
1 Adam Mickiewicz, Les Slaves, t. I. pp. 332-334.