"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)
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CHAPITRE XI.
Mais ces réflexions venaient un peu tard et n’excusaient pas la méprise de Mickiewicz à propos du Morlaque à Venise. Aussi, pour conclure, pourrions-nous dire que, si la traduction polonaise de cette ballade n’a rien ajouté à la gloire de l’illustre poète, elle nous montre cependant, d’une façon très significative, jusqu’à quel point les Slaves s’ignorent entre eux. Nous pourrions ajouter également que cet état de choses, hélas ! ne s’est pas amélioré beaucoup depuis l’époque de Mickiewicz. A l’exception de quelques érudits isolés, les peuples slaves se méconnaissent toujours 1 .
1 Mickiewicz s’occupa à nouveau de la poésie populaire serbe. En 1855, il fut envoyé par le gouvernement français en Orient, avec la mission de jeter les premières bases d’une organisation de légions polonaises qu’on devait employer à la guerre contre la Russie. 11 devait aussi faire un rapport politique et littéraire sur les pays slaves de la péninsule balkanique, et il reçut à ce sujet les instructions suivantes du Ministre de l’instruction publique (H. Fortoul) : « DeConstantinople, M. Mickiewicz se rendra, en traversant la Bulgarie, à Widdin, centre commercial de ce pays. Un court séjour dans la Bulgarie suffira pour prendre connaissance de tout ce qui peut avoir trait à la présente mission. La cité qui offrira le plus d’intérêt sous tous les rapports est Belgrade ; mais on ne doit point se borner à profiter des ressources scientifiques qui se trouvent dans cette capitale de la Serbie. Le pays serbe est si important au point de vue historique et littéraire qu’il serait utile d’en visiter toutes les villes les plus considérables. De la frontière de la Bosnie, on pourra prendre des informations sur la Bosnie et sur l’Herzégovine, dans le cas où, par suite des circonstances, il serait impossible de parcourir ces pays et de pousser l’excursion jusqu’au Monténégro. » (Ladislas Mickiewicz, Adam Mickiewicz, sa vie et son œuvre, p. 364.) Toutefois, le poète ne vit jamais la Serbie car, parti de Marseille pour Constantinople, il mourut dans celle dernière ville, le 26 novembre 1855, d’une attaque de choléra.