La Macédoine

l'oblitération de tous les souvenirs serbes en Macédoine. Toute une armée de prêtres et d’instituteurs fut envoyée de Bulgarie en Macédoine. Tous les écrits émanant de l'Eglise et des communautés scolaires qui en faisaient partie devinrent bulgares. On commença à écrire en langue bulgare les actes de naissance, de mariage et de décès délivrés au peuple par les prêtres. Tous les documents portaient des-en-têtes et des sceaux bulgares. Les gens qui ne savaient pas écrire étaient inscrits comme Bulgares, par les prètres et les instituteurs, dans l’osmanlie (document indiquant les noms, prénoms, relipion, nationalité et occupation d'une personne, et dont tout sujet ture doit être muni). Sur la foi de ces documents, les Macédoniens étaient alors inscrits comme Bulgares sur les registres officiels. G'est ainsi que la Macédoine commença à être graduellement bulgarisée, en apparence.

En 1876, lorsque la guerre éclata entre la Serbie et la Turquie, les Bulgares se mirent également de la partie en vue de se libérer, des Tures. Irritée de cette façon d'agir des Bulgares, la Porte supprima les évêchés bulgares en Macédoine. La propagande bulgare en Macédoine n'en fut pas sérieusement affectée. D'une part, les actes de tyrannie des prêtres grecs étaient encore des souvenirs trop vivaces, et d'autre part, le système de propagande organisé par les Bulgares continuait à fonctionner. |

La guerre russo-turque, en 1837-1878, fut le plus grand coup de chance dont les Bulgares eussent jamais bénéficié. Par cette guerre, la Russie apportait à la Bulgarie la liberté et un Etat. Abstraction faite de leurs sympathies pour les Slaves opprimés en général, les Russes vouaient un intérêt particulier à la Bulgarie. Ils croyaient que « la gratitude établirait un lien indestructible entre les Bulgares et la Russie, et que si la Russie les unifiait pour en former un Etat, les Russes trouveraient en cet Etat un instrument dévoué et fidèle » (x).

{4} Max Choublier, « La question d'Orient, » Paris, 4897, p. 85.

— 1853 —