La mort de Louis XVII d'après la Registre-Journal du Temple : documents inédits

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que Despréaux rappelle ici le dépôt des registres originaux, opéré par Lasne au ministère de l'Intérieur en germinal an IV, et renvoie le garde des sceaux à ces documents. Mais il ne pouvait parler de ceux-là que par oùi-dire, et si la conviction s'était faite dans son dme, ce ne pouvait être qu'à la lecture de la copie de Damont insérée, comme les papiers de Lasne, dans le dossier Pradel, que Simien Despréaux paraît si bien connaître... Car l'extrait des procès-verbaux du Temple, « déposé, comme disait Eckard, dans les bureaux ministériels », se trouve, lui aussi, dans cette fameuse liasse, qui fut amoncelée comme une forterésse. Ces « pages d’écrilure », après avoir été remises par le « capitaine des gardes » qui, sachant de qui il les tenait, pouvait en préjuger la valeur, sont allées naturellement se replacer entre déux pièces authentiques et originales, écrites les mêmes jours sur papier identique, au centre et comme au sommet du recueil. De là, ce mince cahier projette désormais sur « la mort au Temple » une lumière si forte que certains survivantistes, déjà myopes, ou louches, ou borgnes, devront sans doute à son aspect l’aveuglement final.

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Il nous reste toutefois à produire un document.

On sait que le 21 prairial, à midi, le commissaire Darlot était venu s’adjoindre à Damont, dont la garde avait commencé vingtquatre heures avant. Or, sa déclaration, datée du 21 même, est, elle aussi, restée jusqu’à ce jour inédite. Provient-elle des papiers de Lasne ou figurait-elle au nombre de ces « autres papiers » que Damont déclare, en 1817, avoir remis au capitaine des gardes? Ce qui importe, c’est son texte. Le voici, d’après le manuscrit original (Archives nationales, BB* 964, 3° liasse, pièce L) :

L'an 3e de la République française une et indivisible.

Ce jourd'hui, 21 dudit mois, comme commissaire civil de la section de la Réunion, me suis transporté au Temple pour être adjoint aux commissaires à la garde dudit Temple; auxquels, après avoir exhibé la lettre de la commission administrative, l'extrait de ma nomination ad hoc par ledit comité civil de la section de la Réunion, et ma carte de citoyen : je fus à l'instant conduit par le citoyen Lasne, l’un des commissaires, dans la Tour du Temple, et de suite introduit au secrétariat dans lequel je trouvai le citoyen Damont, commissaire civil de la section du Nord : alors, quelque temps après, il me fut énoncé, tant de la part desdits citoyens gardiens du Temple que dudit citoyen Damont, commissaire adjoint, le motif grave pour lequel ïl restait encore, malgré que son temps de service limité füt terminé, suivant l'usage, à l’arrivée d'un autre commissaire de section; lequel provenait en ce que le fils de Louis Capet étant mort hier sur les 3 heures de relevée, il se regardait obligé de rester: et à l'instant