La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE 101.

ciers et au quartier. Le colonel jette aux soldafs, ses enfants, le blé de la fécondité et les soldats acclament le chef; ils sont très contents, tout le long de la route ils ont bu le vin contenu par leurs gourdes. Au quartier on dépose respectueusement la büûche sur le lit de flammes qui l'attend'et pour se réchaufier les hommes boivent de la bonne eau-de-vie de prune très chaude qui a bouïlli avec du sucre et du miel. On tire naturellement des coups de fusil dans la cour du quartier, partout en ville la pétarade crépite, ininterrompue.

Dans la campagne on ne dort pas cette nuit-là. Les paysans réunis aufour de l'âtre se délectent avec l'alcool de prune adoucie par le miel ; ils chantent ef bavardent et surveillent Je POrC qui offre sa chair à lardeur des flammes. Toujours plus fournie, la fusillade continue pour annoncer la venue de Noël.

Avant de mener coucher les petits, la majka prend une grosse brassée de paille et frainant les enfants aCCTOchés à ses jupes fait le tour de la maison pour semer la paille. Cette païlle est un souvenir de Ja crèche ; Ia

‘majka représente une poule couveuse et tous les mioches qui à la queue leu leu gloussent derrière elle sont les poussins. Après cette cérémonie dont le sens mystique et la poésie échapperont aux esprits froids de notre brutal Occident, la mère envoie des noix aux quatre coins de la salle où se trouve la table garnie de friandises et où lentement se consume la büche. Le père race un signe de croix et avec de l’'encens, bénit les enfants qui à leur {our font le signe de la Rédemption. Il faut ajouter que le réveillon étalé Sur la (able n’est Composé que de miel, de ligues sèches et de gourmandises de ce genre; tout aliment venant de la bête étant interdit, on le sait déjà.

Le jour de Noël le salut échangé est religieux :