La patrie Serbe

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défaillantes sous leur pâle fardeau glacé. La forêt vit, des appels se croisent, des rires fusent sous les hautes futaies teintées de lilas. Les coups de hache scandent la marche de l'heure de leur rythme égal, souvent une chute assourdie fait trembler le sol. Des proiondeurs mystérieuses s'élèvent des chants, un chœur de soldats laisse trainer ses finales lentes parmi la sonorité des roches. Sur les sentiers à peine tracés par les grises ornières et les empreintes des bœuis, défilent les chars. Les voitures militaires passent emplies de büches enguirlandées de rubans et ornées de petits drapeaux Les musiques régimentaires égaient la forêt d'arbres jéériques, la forèt où les vieux paysans vêtus de peaux, avec leur bonnet pointu et leur barbe blanche; ressemblent à des bonshommes Noël. C'est une des joies de la Serbie que cet après-midi du Bagdni-dan, écoulée dans les bois, si pales sous leur neige, rendus si animés parles chants et les crameurs des bücherous.

Lorsque la bûche de Noël escortée par le chef de famille atteint sa destination, la. maitresse de maison l'attend sur le seuil: L'époux entre avec la büche et souhaitant une heureuse jête à la compagne de sa vie, reçoit d'elle Le blé qu'elle lui lance en signe de bonheur. Le blé ruisselle sur la bûche placée sur la couche

. rougeoÿante de braise- L'arrivée de la bûche est saluée par les COUPS de fusil que l'on commence à tirer ; les Serbes aiment à entendre éclater la poudre.

Les iètes de Noël durent trois jours Sans compter le Bagdni-dan et pendant tout ce témps les fusils ont l'air d’être ensorcelés tellement ils font de bruit.

Chaque régiment envoie des détachements à la forêt chercher les bûches que l'on fait accompagner par les musiques militaires. Les chars où flottent les drapeaux

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apportent les bûches au colonel, aux principaux ofti-