La patrie Serbe

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pobratimes l'entourent. Si le cimetière était moins éloigné on irait au cimetière, mais la distance est grande ef la fatigue serait trop forte. On va silencieusement. Bientôt on arrive près d'un ruisseau. L'eau où tremblent les reflets des étoiles s'écoule avec des gazouillements, le bruissement des roseaux jait songer à des frémissements d'elfs rieurs. La lune émerge d’un banc de nuages et monte dans le ciel envahi par l'ombre. Des chauve-souris abaissent les sarabandes de leurs vols pelucheux. On pose la malade sur le sol, près dun grand saule, ses pobratimes se placent à ses côtés. Le pobratime, debout à gauche, déroule une chaîne puis attache au saule la jambe gauche de la malade et la chaussette emplie de terre. Gette chaussette symbolise la jambe du mort couché dans la lointaine sépulture. Après avoir fait un nœud, le pobratime élève la voix et s'adressant à son compagnon prononce les paroles rituelles : « Je te supplie, mon pobratime, au nom de Dieu et de saint Jean, de sauver de la mort, cette esclave de la tombe. » Le pobratime de droite répond : « Mon pobratime, au nom de Dieu et de saint Jean, j'accepte de la sauver. » Puis, s’inelinant, il délie la malade. Les deux pobratimes penchés sur la moribonde qu'ils vienneut d'arracher au trépas l'embrassent et boivent dans un verre apporté exprès. Maintenant la malade et ses deux pobratimes sont frères et SŒurs. Dans l'avenir tout mariage sera interdit entre eux. La maison de l'un deviendra la maison de l'autre.

Qi la cérémonie a lieu dans un cimetière elle est encore plus impressionnante à cause du décor funèbre. La plainte du vent agitant les cyprès trouble davantage que le chant du ruisseau, les croix ressemblent aux petits COrps blafards des désespérés tourmentés

ensunaenes.