La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE 105

des flammesintermittantes dansent, les étoiles qui palpitent semblent frissonner dé peur et de froid. La chute d'une feuille, un cri d'oiseau remplissent d'un bruit

effarant le silence, où passent des frôlements. Chaînon .

de la chaîne mystérieuse quilie l'intangible au tangible, la malheureuse femme court par moments pour échapper à quelque chose qu’elle perçoit. Dans sa poitrine oppressée son cœur enfle ef devient si lourd qu'un moment elle s'arrête ; mais il faut atteindre le cimetière ou existe le salut. Tantôt rapide, tantôt calme, la course continue dans l'obscurité des sombres bosquets, parmi les roseaux aux brunes lances dressées contre les mares luisantes. |

Un boïs plus effrayant que les autres, ouvre sa noirceur, et sous les ténèbres des cyprès, les croix nombreuses esquissent le même geste d'imploration. De tous côtés des pierres tombales. sur lesquelles les lianes des pâles clématites exhalent leur senteur, La femme marche vite, elle arrive à une tombe inconnue, délaissée, où s'effrite une croix sous lelierre Œui l’accable. La pauvre mère se baisse, ses doigts presque paralysés par l'énervement ramassent de la terre qu'ils enferment dans une grossière chaussette. Enfin la tâche est terminée ; serrant là chaussette sur sa poitrine, la voyageuse s’élance hors du cimetière. Le hululement d'une chouette paraït être la voix du mort dérangé dans sa sépulture. Les nuées couvrent par moment la lune, de leur folté chevauchée. De nouveau la femme erre dans l’espace, elle se sent perdue, infime, au milieu de ce monde empli de vibrations. Si c'était trop tard, si tant de peine reslait inutile! Mais la jeune malade se Cramponne à une existence dont elle veut connaître l’'amertume. Le lendemain, à l'heure où vient le crépuscule, un cortège se met en route emportant la malade, Les parents, les

\