La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE 183

Gouvernée par le Roï et son fils, la Serbie avait besoin d'une longue période pacifique, afin que se puisse achever l'œuvre commencée par de brillantes conquêtes.

L'armée, admirablementorganisée depuis 1903; dirigée par des cheïs tels que le Voïvode Putnik, était quand. même blessée et meurtrie ; elle aspirait à un repos rudementgagné. Il fallait mettre de l’ordre en Macédoine et adapter le pays au nouveau régime. En Vieille Serbie aussi, nombreuses étaient les améliorations projetées. Le royaume n'était pas encore très riche en capitaux, mais l'attention des grands actionnaires mondiaux était appelée vers lui. Aïdé par cet indispensable appui, le commerce devait prendre son développement malgré les entraves apportées par la jalousie deses voisines.

Plusieurs nations s’inquiétèrent de ce nouvel état de choses. L'inquiétude et la hainede l'Autriche atteienaient leur paroxysme ; avec la mort d'Alexandre et de Draga elle avait vu s'envoler ses rêves de domination. D'un autre côté l’auréole entourant le Drapeau Serbe était une sorte de rayonnement attirant vers luiles espérances yougoslaves. Stimulés par les succès de leurs frères, les soldats de la Bregalnitsa : Croates, Bosniaques, Slo= vènes, Dalmates, désiraient avec une ardeur croissante leur union sous le sceptre bienfaisant des Karageorgevitch. Les aspirations yougoslaves prenaientune forme absolument précise. En Europe Occidentale on s'occupait peu de cette question sitroublante pour les âmes du SudEst. La France, selon l'habitude, restait aveugle pour ce qui n'était pas querelle de clocher ou discussion reli gieuse. Le rêve yougoslave voulait la formation d’un royaume unique fondant ensemble avec la Serbie et le