La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE 249

Roi, le Prince savaient ! Ils buvaient lentement fout le fiel contenu dans le calice d’amertume, et sous la pluie battante, dans les rafales du vent, ils voyaient l’exode de la confiante population, qui avait la foi... [lssavaient que cette foi était vaine. Ils savaient que seul l'inexorable destinée arriverait. Chaque heure implacable leur montrait un nouvel acte de la tragédie commencée. L'annonce d'un désastre n était pour eux que laconfirmation d'une certitude, l'assurance d'un sort écrit dans le livre du Destin. I’infinie tritesse de leurs visages était le reflet de leur royale détresse Kragouievatz, berceau de la liberté serbe ; Kroucheva{z, capitale du tzar Lazare, furent saisies après Nich. Comme des vols de noirs oiseaux, les pires messagesaccouraient de tousles points de l'horizon enfumé. Pourtant, à Leskovatz la Ie Armée fit subir un gros échec aux Bulgares, mais cette victoire ne put concourir au sauvetage de la Patrie,et le courage déployé ne fut qu'une goutte d’eau dans l'océan des courages malheureux. Du Nord, du Sud, del’Est arrivaient les bannis, poussés par le vent lugubre, qui avec un long râle balayait la plaine de Kossovo. Une rumeur composée par les bruit confus d'une multitude de personnes et d'animaux, par les bêlements, les piétinementsdes troupeaux, les mugissements des bœuis, les sanglots humains, se mêlait à l'hymyne funêbre modulé par le vent Sur l'immense espace de Kossovo, les Serbes par centaines trouvèrent un suaire de neige. Kossovo devint la nécropole des infortunés tombés sous l'épaisse couche blanche. Elle fut aussi celle des canons lourds enterrés aux environs de Prichtina.Espérant un prompt retour, les officiers cachèrent leurs pièces, comptant bientôt les exhumer. Durant cette cruelle cérémonie les cœurs étaient étreints d'angoisse et sur lès visages hâlés par le vent des batailles, les larmes roulèrent.Les