La patrie Serbe

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Slava. Les couvents qui dissimulent dans les plissures des gorges et des ravins leurs coupoles et leurs croix d'or, entourent d'un cadre romanesque les vivantes scènes créées par les pèlerinages. De trente à quarante kilomètres on accourt pour assister à ces réunions. Les malades espèrent trouver la guérison de leurs maux en buvant l'eau des sources saintes. Les paysans pieux demeurent souvent la matinée entière prosternés sur les tapis étendus entre les colonnes de la nef.

Dans la vaste église enluminée defresques archaïques, les fidèles restent silencieux. La lumière traverse les baies des fenêtreset pose de légères colorations empruntées aux vitraux sur la délicatesse des sculptures et la pâleur des marbres, elle effleure la foule muette agenouillée dans la pénombre. Le silence est plein de palpitations. Des papillons defeu sont posés sur les lustres étincelants et descentaines decierges mettent des étoiles devant les icones gemmées de pierreries. Les icones où d'irréels et douloureux visages sourient extasiés contre l'or des fonds. L'oftice commence, les voix s'élèvent en un lent crescendo,un grave crescendo qui parait sorti de terre et enile graduellement pour emplir l'espace. Les fidèles perdus dans le clair-obscur, regardent les rites divins de la messe célébrée dans une apothéose au milieu de l'éblouissement des flammes des cierges eb des rayons tombés des verrières. L'église ressemble à

un bosquet d'arbres étranges et nus et, très loin der-

rière la longue perspective des avenues, pareil à une

clairière/inondée de soleil, le chœur resplendit avec ses, \

prêtres habillés en rois mages. Les cérémonies habituelles aux Slavas succèdent à la

messe: dans les couvents il n'y à point de festin et les _

réjouissances ne durent qü un jour. Les cœurs allégés par & bénédiction des oflices mati-

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