La patrie Serbe

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sans reflets, hommes, femmes, enfants se pressent. Ils viennent en glissant sur la neige partout répandue. Accrochés aux buissons ouatés ils plongent leurs mains dans le trou qui crève la glace et laisse apercevoir la grisaille de l'eau engourdie.

Le 5 janvier, les municipalités font dresser une grande croix de glace sur les places principales des villes. Auprès de la croix on a mis une table et près de cette table de petites cuves pleines d'une eau puisée à la rivière (Presque toutes les villes serbes sont construites près d'une rivière).

Le matin des Rois, après la grand messe, les fidèles sortent de l'église en une procession qui accompagne les saintes Icones, portées par les enfants de chœur. Les rues sont égayées par les beaux costumes, par les bannières et les splendides vêtements des popes. Montant de l'étroitesse des voies resserrées, les cantiques s'épanouissent dans l'ampleur du ciel. Une compagnie ou un bataillon, s'il y a une garnison, attend derrière la croix, la venue de la procession. Les cierges allumés sur la table, font scintiller l'or des icones ; les rayons multiplient les brillantes paillettes sur lacroix de glace; aux vertes ombres d'opale. Les voix des enfants de chœur répondent aux psalmodies des popes. Avec des gestes larges, l’ofliciant sanctifie l'eau contenue dans les cuves. Pour bénir cette eau le prêtre se sert d'un bouquet de basilic. Lorsqu'il à tracé sur elle le signe de rédemption, il asperge les assistants avec son goupillon aux parfums aromatiques. Ensuite popes, icones, enfants de chœur retournent à l'église et la foule se précipite sur les cuves.

De tumultueuses scenes ont lieu, chacun veut emplir un flacon d'eau bénite. En riant d'abord, en se disputant après, on se bouscule et le diable se mêle à la céré-