La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

VI POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA RÉVOLUTION

L’empirisme anglais tolère encore une Eglise d'Etat ; si absurde que cela soit, cela peut se prolonger sans grand dommage. Genève et Lausanne continuent de payer les pasteurs calvinistes, sans pour cela être en péril.

Si donc en Suisse et en Angleterre, les constitutions civiles des clergés locaux sont des incorrections bénignes, d’où est venue : la virulence de notre Constitution civile française ?

De l’état de crise d’abord, bien entendu ; de cet état de crise que des institutions libérales eussent empêché de naître. L'état de crise, que tous les partis oublient si volontiers quand ils apprécient les événements de la période révolutionnaire, a tout grossi et tout envenimé, ici comme ailleurs. Les esprits équitables doivent se le rappeler sans cesse et y reconnaître l’atténuation de tous les torts, torts des bleus et torts des blancs.

La part faite à cette considération, ilreste quelque chose qui différencie la France révolutionnaire de l'Angleterre et de la Suisse actuelles. C’est que, dans les pays protestants, l'Etat, protecteur d’un culte, empiète Sur la conscience seulement, tandis que chez nos pères, il empiétait à la fois, sur la cons. cience èt'sur le pape.