La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives
IMPORTANCE DES QUESTIONS RÉLIGIÈUSES 13
romains ne fut ennemie jurée de la Révolution française ; cette assertion, qui choquera les partisans du catholicisme n’en est pas moins de la dernière vérité ».
Constatons d’ailleurs que nos « deux amis de la Liberté » ne sont nullement terroristes et réprouvent tous les excès commis (1). Leur opinion paraîtrait quand même hasardée si l’on ne considérait que l'attitude première du bas-clergé à l'Assemblée Constituante : un grand nombre de prêtres fit en effet cause commune avec le Tiers-Etat. Pour expliquer pareil fait, il est bon de rappeler que les curés de campagne vivaient presque partout de la même vie que leurs ouailles ; beaucoup étaient dans une situation très précaire, alors que les hauts dignitaires de l'Eglise jouissaient de tous les privilèges et que les ordres religieux regorgeaient de richesses. Donc il était naturel que le bas clergé vit d'un bon œil l'abolition des anciens abus. Mais bientôt la situation changea : des poliliciens hypocrites firent courir le bruit que l’on voulait toucher aux dogmes et détruire la religion ; après bien des hésitations, Rome, gagnée par leurs intrigues, condamna la réforme ecclésiastique qu'avait entreprise l’Assemblée Constituante et que critiquait l’épiscopat presque
(1) Ces deux amis de la Liberté étaient Kerverseau et le li-
braire Clavelin ; mais ils eurent plusieurs collaborateurs, notamment Beaulieu et Lombard.