La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

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faibles ; ils ne produisirent aucune raison de principe, tant ils craignaient de paraître hostiles à la religion. Mirabeau fut un moment au dessous de lui-même : « Déclarer le catholicisme religion d'état, dit-il, c’est supposer qu'il puisse en être autrement !:.. » Il fut plus heureux lorsqu'il répondit par une apostrophe restée fameuse à ce député qui invoquait l’autorité de Louis XIV et osait rappeler la Déclaration de Cambrai (1).

Du moins la Constituante refusa de voter la motion Gerle et adopta l’ordre du jour suivant, dont on remarquera les considérants :

« L'Assemblée nationale, considérant qu’elle n'a, ni ne peut avoir aucun pouvoir à exercer sur les consciences et sur les opinions religieuses, que la majesté de la religion et le respéct profond qui lui est dû, ne permettent pas qu'elle devienne l’objet d’une délibération ; considérant que lattachement de l’Assemblée nationale au culte catholique, apostolique et romain ne sau-

(1) Le 25 janvier 16873, à Cambrai, Louis XIV avait juré de maintenir la religion catholique à l'exclusion de toutes les autres. .

M. d'Estournel, député du Cambrésis, invoqua ce beau précédent en faveur de la motion Gerle. Et Mirabeau lui répondit : « Je ne suis pas étonné qu'on rappelle le règne où a été révoqué l’édit de Nantes. De cette tribune où je parle, j’aperçois la fenêtre fatale, d’où un roi, assassin de ses sujets, mêlant les intérêts de la terre à ceux de la religion, donna le signal de la Saint-Barthélémy ».