La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives
32 POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA RÉVOLUTION
colossale de Pie VI; ce mannequin, qui avait huit pieds de hauteur, était revêtu de tous les ornements et insignes sacerdotaux, il tenait d’une main un poignard et de l’autre les deux brefs du pape. En province, on imita les Parisiens et on fit des feux de joie un peu partout.
Malgré ces manifestations, la situation n’en devenait pas moins d’une extrême gravité, Car, si la plupart des villes acceptaient assez facilement le nouveau schisme, il n’en était pas de même des campagnes. Mais, puisque la Constituante avait suivi cette voie, elle aurait dû aller jusqu'au bout. Les gallicans et jansénistes étaient des hommes très honnêtes et sincèrement religieux ; malheureusement ils montraient dans leur politique une inconséquence bizarre, et les disciples de Voltaire ou des Encyclopédistes, très nombreux dans l'Assemblée, eurent le tort de leur emboîter le pas. Les philosophes craignaient alors de choquer les opinions religieuses et tous leurs actes se ressentaient de cette grande timidité.
Au lieu d'accepter franchement la guerre que le pape lui déclare, Assemblée Constituante poursuit le but le plus utopique que l’on puisse imaginer : elle veut créer, à côté du clergé réfractaire, un nouveau clergé à la fois catholique et constitutionnel. Chose étrange, ce clergé gallican prétend, lui aussi reconnaître le pape comme chef suprême de l'Eglise, et le pape