La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

LA CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ 33

lui jette l’anathème ! Quelle contradiction ! Il ne peut exister de plus fausse situation. A présent, en matière religieuse, les efforts de la Révolution tendent à consolider l’autorité des prêtres constitutionnels et à détruire l'influence des réfractaires ; cependant dés deux côtés le dogme est le même: c’est toujours celui de l'Eglise catholique, apostolique ef romaine. Ne valait-il pas mieux combattre la domination de Rome sans créer ce nouveau clergé si éphémère ?

La lutte était mal engagée, elle produisit une guerre civile terrible, et sans aucun profit pour la cause de la Liberté. En assignant un but plus logique à leurs efforts, les révolutionnaires seraient arrivés au port sans tant de sacrifices. Mais ne soyons pas plus sévères que Quinet envers « ces novateurs qui n'osent s’avouer » ; après avoir montré combien précaire fut cette tentative de réforme de l'Eglise, le grand historien convient que les raisons ne manqueraient pas pour excuser les Constituants :

« Que d’autres, dit-il, leur jettent la première pierre ; pour moi, je ne le puis en conscience ; car à leur place, en leur temps, ignorant comme eux l'avenir prochain, plein de foi dans l’énergie morale de la France, j'eusse peut-être fait comme eux ».

Cependant une angoisse nous étreint, lorsque nous contemplons la voie dangereuse où s’engage la Révolution. De la foule des législateurs,

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