La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

LIBERTÉ DE CONSCIENCE 45

qu’elle adopta sans hésiter, et que l'abbé Mulot, président de la Commune, fut chargé de lire à la barre de l’Assemblée nationale le 25 février 1790 (À).

Pour les Juifs d'Alsace, il y eut quelque hésitation, parce qu'on les regardait comme moins civilisés. On prétendait aussi que plus de la moitié des terres de la province étaient frappées d'hypothèques à leur profit et que par conséquent les biens des chréliens passeraient entre leurs mains. Les événements ont prouvé que ces craintes n'étaient pas justifiées : en effet, Reubell, député de Colmar, qui s'était opposé d'abord à l'admission des Juifs d'Alsace, fit voter la liquidation de leurs créances particulières ; on trouva que les hypothèques s’élevaient à 9 millions au lieu de 35, et encore un grand nombre de créanciers juifs étaient-ils les prêtenoms de commerçants chrétiens.

Enfin le 27 septembre 1791, la Constituante, à la veille de sa clôture, abolit, sur la motion de Duport, toutes les lois d'exception relatives aux Juifs. C'était du coup l'émancipation complète, et désormais, les Juifs firent partie de la patrie française au même litre que les autres citoyens.

Quant à la liberté des cultes, elle n’était pas encore proclamée en 1791. Il est vrai qu'elle

(1) Voir pour ces détails l’article si intéressant et si documenté de M. Sigismond Lacroix dans la Revue de la Révolution française du 14 août 1898.