La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

LÉ PROGRÈS DE L'ESPRIT LAIQUE 6t

matières dogmatiques. S'ils admirent Rousseau et adoptent ses conceptions politiques, ils laissent de côté tout dogme religieux. Beaucoup cependant sont vaguement déistes, à la mode du 18e siècle, mais ils se garderaient bien d’imposer la moindre doctrine religieuse. En un mot, ils ont ce que nous appelons aujourd'hui l'esprit « laïque » ; quelques-uns mêmes sont franchement athées et ne craignent pas de l’avouer publiquement. On peut dire qu'ils représentent, dans un sens très large, et avec toutes ses nuances, la philosophie de leur siècle. Quant à Danton, il ne partage pas plus que les Girondins les idées mystiques de Robespierre, et affecte parfois des allures à la Diderot. Camille Desmoulins est un sceptique en matière religieuse.

La plus curieuse manifestation de l'esprit laïque se produisit, dans l’Assemblée législative, à la séance du 16 mai 1792, On entendit un prêtre « philosophe », de Moy, curé constitutionnel de l’église Saint-Laurent, faire le procès de la constitution civile, et déclarer, aux applaudissements de l’Assemblée, que « de toutes les corporations, la plus funeste dans un état est celle d'un clergé ! » II demanda nettement l’abrogation de la Constitution civile et la suppression graduelle du salaire des prêtres, desquels d'ailleurs il n'y aurait plus lieu d’exiger aucun serment, puisqu’ils cesseraient d’être fonctionnaires. A la