La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

62 POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA RÉVOLUTION

suite de son discours, de Moy présenta un projet de décret dont voici l’article essentiel :

« Le traitement des individus élus ou choisis à l'avenir en qualité de ministres du culte catholique ne fera point partie de la défense publique ».

L'Assemblée législative, il importe de le constater, accueillit avec faveur le discours de l'abbé de Moy. Sur la motion de Ducos, l'impression fut votée à une grande majorité, au grand scandale des ecclésiastiques présents. Ainsi la manifestation oratoire du curé de Saint-Laurent fournit à l'Assemblée l’occasion de se prononcer, en principe, pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat: voilà le fait remarquable de cette séance du 16 mai 1792, il marque le déclin des idées théocratiques et la puissance croissante de la pensée libre.

Cette puissance nouvelle se révèle dans d’autres circonstances. Le 1er juin 1792, sur la réquisition de Manuel, procureur de la Commune, l'assemblée municipale de Paris interdit que l’on contraigne les citoyens à tapisser leurs maisons en vue de la Fête-Dieu, et que l’on requière la garde nationale pour les cérémonies du culte. I1 faut reconnaître pourtant que cet arrêté fut jugé trop hardi par une partie des Jacobins, et qu'il provoqua même quelques troubles. Robespierre protesta avec indignation, et Camille Desmoulins écrivit : « Mon cher Manuel, les rois