La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 15

de leurs représentants. Cela sied assez mal à des gens qui font profession d'opinions absolument démocratiques!

12 août. — « Des commissaires sont nommés pour se rendre à l'administration des Postes, et arrêter l’envoi des productions aristocratiques, l’ Ami du Roi, la Gazette Universelle, la Gazette de Paris, V'Indicateur, le Mercure de France, le Journal de la Cour et de la Ville et la Feuille du Jour. » (Entre autres, dit l’arrêté.) — Tel est le premier pas d'une révolution qu'on a faite pour instaurer ou restaurer toutes Jes libertés. De plus : « Les auteurs et imprimeurs de ces feuilles anticiviques sont mis en état d’arrestation; leurs presses et instruments seront distribués entre les imprimeurs patriotes ». Ceci est vraiment un comble! La Commune prononce des jugements, inflige des peines telles que la confiscation ; elle fait des dévolutions de propriété, récompensant les uns de ce qu'elle ôte à d’autres.

En cette occasion, Marat fut naturellement au premier rang des favorisés. Toutefois pas assez favorisé à son compte, car Marat, muni d’un ordre du Comité de surveillance de la Commune et accompagné de quelques amis solides, se rend au Louvre où était alors l’Imprimerie nationale; il y choisit quatre presses et une certaine quantité de caractères, et les emporte, malgré les protestations du directeur Anisson-Duperron. Celui-ci avertit, comme il le devait, l'Assemblée nationale.

La commission extraordinaire de l’Assemblée se plaint à la Commune. Le procureur syndic de la Commune, Manuel, promet de faire restituer les objets enlevés. L'imprimerie ne voit rien venir, sinon M. Marat, « qui se présente encore à l’Imprimerie nationale pour demander un supplément de caractères et divers ustensiles qu'il a oublié de prendre ».

Anisson-Duperron, dans une nouvelle plainte à l'Assemblée, nous apprend le fait. Finalement, l'Imprimerie nalionale reste dépouillée, et nous avons vu plus haut que, le 16 août, le Conseil général met M. Anisson-Duperron en état d’arres-