La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

24 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

vient faire des objections : « Le Luxembourg a des souterrains; il n'a pas même des murs de clôture assez hauts. Il n’est pas sûr; il ne convient pas. » En conséquence, la Commune propose l’abbaye Saint-Antoine, puis l'évêché, puis le Temple; elle fait visiter le Temple par un architecte d’un patriotisme incontesté et il se trouve que le Temple convient parfaitement. La Commune, sans plus tarder, prend un arrêté pour fairé conduire le Roi au Temple. L'Assemblée à son tour rejette le Temple et, par un second décret, assigne à Louis XVI l'hôtel du ministre de la Justice, place Vendôme; mais le maire, le procureur-syndic, suivis d’une foule nombreuse, arrivent à l’Assemblée. Ces gens de la Commune s'expriment fortement, sèchement; ils disent que seul le Temple convient, que seul il est sûr, et qu'à moins du Temple, la Commune ne peut pas et ne veut pas répondre de la sécurité du Roi. Ce même jour (12 août), l’Assemblée obtempère à la volonté de la Commune. Elle prend un troisième décret où elle déclare qu’elle confie la garde du Roi et de sa famille aux vertus des citoyens de Paris.

En conséquence, elle charge les magistrats de Paris de pourvoir sous leur responsabilité au logement de la famille royale. Le Temple n’était pas nommé. Cette omission, naïvement calculée, ne masquait pas du tout la défaite de l’Assemblée, la victoire de la Commune — que celle-ci, du reste, fit proclamer et afficher dans tout Paris. :

En cédant sur un point qui intéressait son honneur, l’Assemblée faisait présager qu’elle aurait d’autres défaillances. Et cependant, que pouvait-elle faire? Elle ne disposait d'aucune force de police.

L'Assemblée avait très bien saisi de quoi la Commune la menaçait sourdement : une émeute, plus ou moins spontanée, pouvait aboutir au massacre de la famille royale, révolter les départements, déshonorer la France ‘aux yeux de l’Europe : c'est pourquoi l'Assemblée avait parlé de sa confiance dans les vertus du peuple de Paris.