La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 39

x

tement avec l’Assemblée, à ce qu'elle dit, mais en réalité prétend n'obéir à personne, pas plus à l’Assemblée qu’au Département. Et, la preuve que telle est la véritable pensée de la Commune, l’orateur embrouillé et maladroit en somme qu'est Robespierre, va nous la fournir aussi convaincante que possible. Dégageons de ce discours quelque peu décousu les propositions essentielles : — Le peuple, qu'on menait à sa perte, s’est sauvé lui-même, après quoi il a nommé des délégués chargés de continuer l’œuvre de son salut, d’agir à sa place, d'être comme son bras et comme sa bouche. Ces délégués sont là, en ce moment, debout en présence de l'Assemblée, et ils lui disent au nom du peuple, au nom du. souverain, la vérité qu’elle est tenue d'entendre. Cette vérité, c'est qu'il faut que la Commune ait la plénitude de pouvoir qui appartient au souverain qu'elle représente et au nom de qui elle agit. Soumettre la Commune à l’autorité d’un Département, c’est détruire entre les mains de la Commune la souveraineté même du peuple. Le peuple ne souffrira pas cela; vous allez l'obliger à recourir encore une fois à l'arme. de sa vengeance, c'est-à-dire vous allez l’obliger à refaire un nouveau 10 août, et cette fois ce sera contre vous. Souvenezvous au reste qu'ayant convoqué une Convention, vous êtes sans titre pour faire autre chose que les volontés du peuple, c'est-à-dire les nôtres, puisque nous sommes l'extrait, la quintessence du peuple souverain.

L'Assemblée écoute avec patience cette harangue où on lui administre tant de mots pédants ou habilement injurieux. Personne ne se lève pour faire à Robespierre la courte et simple réplique que son discours appelait : « Rentrez chez vous, puis revenez ici nous apporter les procès-verbaux des élections dont vous vous prévalez, afin que nous sachions au juste combien de Français vous représentez ».

Thuriot, qui déjà se manifeste comme le défenseur le plus ferme de la Commune, prend la parole et reproduit, dans une brève allocution, les arguments de Robespierre. Il