La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

40 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

demande à l’Assemblée de rapporter le décret rendu quelques heures auparavant (fin de séance du 11) par lequel elle convoquait les sections à nommer chacune un membre du futur Directoire. Après lui, Delacroix fait une proposition moins radicale et partant plus adroite : « Il suffit, dit Delacroix, que le Directoire du Département n'ait pas la surveillance sur les opérations de la Commune... Mais il faut laisser subsister au moins la section qui est chargée du recouvrement des contributions. Je demande donc qu'à l’avenir le Directoire du Département n'exerce sa surveillance sur les actes de la municipalité qu’en tout ce qui concerne les contributions publiques, les séquestres des biens d’émigrés, les domaines nationaux et autres objets d'administration générale. » La proposition de Delacroix est adoptée sans plus de discussion. Cela donne la mesure de la dépression morale où la Législative, le lendemain du 10 août, était tombée.

Quant à l'existence même du Département, la Législative ne révoquait pas son décret. Plusieurs sections de la banlieue, obéissantes, élurent donc des représentants au Département.

La Commune réussit pendant quelques jours à entraver les élections dans le reste de Paris, mais enfin il y eut assez de membres élus pour qu’on put considérer le Département comme constitué. Il vint à l'Assemblée le 22 août se faire reconnaître, et il annonça de plus qu’il entendait s'acquitter de toutes les fonctions attribuées encore récemment à l’ancien Directoire. À cette nouvelle, la Commune entra dans une telle fureur qu’elle se permit de mander à la barre de son Conseil général, ni plus ni moins que si elle était l’Assemblée législative, ce corps départemental qui existait de par la loi et qui était de par la loi son supérieur. Il fallait vraiment qu’on eût à cette époque perdu le sens de la légalité pour que des actes de cette force entrassent dans l'esprit d'hommes passablement cultivés !

Mais voici bien plus étonnant : les membres du Directoire n’osèrent pas répondre à l’ordre de la Commune par un éner-