La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

VI ‘ PRÉFACE.

démocratie, alors qu'ils méconnaissaient une vérité évidente, à savoir que la légalité est tout à la fois la même chose que la probité en politique, et la même chose que la démocratie, depuis que la loi n’est plus le fait d’un individu, ni d’une classe, mais le fait du peuple; depuis que la Lex vient du demos.

Les qualités, les facultés, dont le public intelligent est à bon droit épris, se sont rencontrées dans le groupe des historiens dont je parle. Il y a eu là des hommes qui ont possédé le talent, voire même le génie de l’expression littéraire; il y a eu des éloquents, des savants, des érudits. Il est sorti de là une histoire prestigieuse, à demi romanesque, où les principaux acteurs de la Révolution sont apparus au public avec les dimensions exagérées des héros légendaires. Et l'engouement contagieux des trop brillants écrivains s'est répandu largement parmi les contemporains, ravis de se voir de si beaux ancêtres.

Je sais à quoi m'en tenir, par expérience personnelle, sur cet engouement; j’ai commencé par être un lecteur ravi et crédule aux phrases emphatiques de Louis Blanc, à la verve enthousiaste de Michelet. Il a pu m'arriver d’être Robespierriste avec L. Blanc; je suis sûr d'avoir été très Dantoniste avec Michelet, et en même temps Girondin avec Lamartine.

J'étais républicain et démocrate, cela va sans dire; je le suis demeuré (en quelle mesure et de quelle façon, on le verra tout à l'heure); quant à la Révolution, je reste l’un de ses fils, et un fils reconnaissant, mais pas de toute la Révolution. Et d’abord j'ai dû me détacher d’une illusion qui m'était chère; je n'y trouve plus un homme à qui donner une entière admiration: je n'y ai plus personne qui soit mon héros.