La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

94 LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE

firent imprimer et répandre, le 14 février 1795, sous la signature de Solilhac, « aide-major de l’armée catholique et royale de Bretagne », les Paroles de paix (1), qui avaient été présentées aux Représentants, le 10 au soir.

Il assista naturellement à toutes les conférences pour la paix, adhéra à l’acte de soumission de Charette le 17 février; mais, s’il faut en croire Beauvais, il aurait été ensuite pour beaucoup dans la décision prise par Stofflet de continuer la guerre. Stofflet, furieux de voir que Charette avait fait la paix sans lui et avait quitté la Jaunaie sans même l'attendre, aprèsune première entrevue avec les Représentants du peuple, prétendit qu’il donnerait sa réponse le surlendemain., Le lendemain matin, il tint conseil. « Pendant ce temps, dit Beauvais, je me promenais dans le jardin de la Jaunaie avec Solilhae et Cormatin. Ce dernier, d’après la résistance soutenue que j'avais opposée au traité, craignant mon influence sur l’armée d’A njou, employait dans ce moment tous les moyens qu’il croyait propres à me faire changer d’opinion. « Solilhac laissa parler Cormatin. Lorsque ce dernier crut avoir dit ce qu’il croyait nécessaire pour me convaincre, Solilhac, sans me donner le temps de répondre, lui dit d’un ton d’impatience :

« Mais, Cormatin, je suis étonné de votre manière de parler... « Nous sommes envoyés ici seulement pour savoir si les bruits « relativement à la paix étaient vrais, et non pour en traiter ; « nous sommes chargés au contraire de faire le possible pour en « empêcher, disant aux chefs vendéens, que, si définitivement «ils traitaient, la Bretagne, quoique abandonnée par eux, « ferait néanmoins la guerre. »

« Ce peu de paroles fut pour moi un trait de lumière: me tournant du côté de Solilhac, je lui dis avec vivacité :

« Je vous ai toujours connu pour honnête homme, Solilhac: « si vous l’êtes encore, vous irez rendre compte à Stofflet du « sujet de votre mission, et quand ?.… à l’heure même qu'il tient « conseil avec les chefs de son armée...

(1) In-40, qui se trouve aux Archives nationales et aux Archives historiques de la Guerre.