La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE 785

sances qui font les efforts les plus généreux pour étouffer le monstre qui désole la France, ne viennent à son secours.

Il lui faut des vivres, des munitions. des artilleurs, de la cavalerie ; point de personnes qui veuillent faire valoir leur rang ou leur naissance pour briguer aucune place (1) ; des offi ciers généraux en petit nombre et d’un mérite reconnu : peu d'officiers, mais des combattants.

Il est d’ailleurs important qu’on ne cherche pas à l’organiser, ce serait la perdre absolument ; sa grande valeur vient de ce que chacun se bat à sa volonté ; le lâche reste derrière et le devoir de l'officier est d'être absolument à la tête sans regarder seulement si tout le monde le suit.

Ces païsans ne se sont armés que parce que l’Assemblée a voulu les faire marcher de force (2) ; la moindre contrainte les dégoûterait ; il faut que, soutenus par une puissance disciplinée, ils aient eux-mêmes les coudées franches et continuent de se battre dans les haies. les fossés et les ravins, comme ils l’ont fait juqu'à présent (3).

On trouvera dans la Bretagne beaucoup de partisans, qui doubleraient au moins l’armée si elle était secourue ; avec de l'argent on aura sur cette côte tous les renseignements possibles ; on pourra même envoyer des émissaires à l’armée de M. de la Roche Jacquelin.

Je n’employerai qu’un mot pour réfuter les papiers patriotes qui parlent de notre destruction totale, c’est qu’ils ne font mention de la mort d'aucun chef de marque, et, si cette armée avait malheureusement succombé, je connais assez leur courage pour ne pas douter qu’ils ne se fussent ensevelis sous les ruines de leur malheureux parti.

(1) L'armée avait trop souffert des incapacités qui s'étaient imposées, pour né pas écarter toute prétention « sans mérite reconnu » Les paysans n'avaient aucun respect pour les grades de l’ancienne armée. Il fallait faire ses preuves.

(2) Solilhac ne paraît apporter ici ce fait que comme un argument à l’ cpu dé sa recommandation de laisser au paysan « ses coudées franches. » S'il avait été du pays, il aurait su que la l2vée de 300.000 hommes ne fut que la cäuse occasionnelle d’une guerre provoquée par la plus odieuse persécution religieuse, par des attentats répétés contre la liberté.

(3) Il était à craindre que les officiers émigrés ne vinssent imposer aux paysans les vieilles tactiques et les savantes manœuvres.

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