La Princesse de Beira et la police autrichienne

6. COMMANDANT WEIL

ditaient davantage dans le public. Cependant, à son arrivée à Vienne,le 24 au soir;les premières paroles du prince de Metternich au comte de Sedlnitzky furent pour lui demander s’il n’avait rien de nouveau à Salzbourg. La réponse du Ministre de la Police fut plus que jamais négative et la confiance du Chancelier durait encore hier matin, 26, quand il a reçu l'expédition du comte d’Appony.

Son premier soin, après l'avoir lue, a été d'envoyer chercher le Ministre de la Police. Celui-ci est arrivé triomphant et,sans se laisser interroger : « Je gage, a-t-il dit, que vous voulez encore me parler de la prétendue évasion de la princesse de Beïra.Me voici en fonds pour vous répondre» Et il luia présentéun rapport du chef de la police de Salzbourg qui raconte la mort d’un vieux secrétaire de la famille Royale d’Espagne. Les derniers sacrements ont été administrés au moribond.Suivant l’ancienne étiquette encore en usage à Madrid, les voitures de la princesse ont été: chercher le curé; tous les domestiques de la Maison étaient ran gés devant la porte; la princesse de Beïra, enveloppée d’un voile noir, at tendait au haut de l'escalier. Elle a assisté avec beaucoup de sensibilité à l'administration du viatique et a reconduit le prêtre à travers les appartements. Après avoir lu ce rapport de Salzbourg, M. de Metternich a donné la léttre du comte d’Appony au Ministre de la police. Celui-ci s’est presque trouvé mal en la lisant(1),et est resté en butte aux sarcasmes de la princesse de Metternich, qui s’est moquée de lui sans pitié. Elle assistait encore au récit que le prince de Metternich me faisait hier au soir de cette scène. Elle riait de si bon cœur de la consternation du comte de Sedinitzky ; elle exaltait avec tant de chaleur la fidélité des quarante domestiques espagnols qui, nécessairement dans le secret de leurs maîtres, ont su le garder pendant un mois que je reste persuadé, je vous l’avoue M. le Comte, de la sincérité d’ün récit, au fond très invraisemblable.

” Indifférent, au reste, à ce qui touche la princesse de Beïra, mon attention a pris un autre cours et j'ai demandé au prince de Metternich s’il était bien certain qu’on ne lui préparait pas à Graz quelque surprise de ce genre :

« Oh ! de cela j'en suis garant, m’a-t-il répondu. C’est précisément “parce que notre police est admirable, infaillible pour les choses qui « nous intéressent véritablement, qu’elle est facile à déjouer sur les au«tres. Peu nous importe que la: princesse de Beïra soit en Allemagne « ou en Espagne, Elle a pu quitter Salzbourg, nous en faire un mystère ‘ sans que personne, excepté le comte de Sedinitzky, en ait du chagrin « et lui en garde rancune.

{1} Le pauvre ministre de la Police aurait certainement eu une véritable syncope s’il a= vait su que quatre jours avant le retour de Metternich et sa comparution devant le Chancelier; le. 18 octobre, sa pseudo-malade, loin d’être encore alitée à Salzbourg, ayait convolé en justes noces avec son ci-deyant beau-frère;